LEGENDE : Les sceaux de Salomon

Tiré des archives d'Elthoras

On raconte qu'autrefois naquit un noble connu sous le nom de Salomon. Ce noble n'était pas réputé par sa générosité, ni même par son goût de la vie. Il restait le plus clair de son temps allonger à paresser. Son seul grand plaisir résidait dans la traque des animaux. Or, un jour qu'il se livrait à son vice de chasse, il vit l'un des plus beaux cerfs que ce monde ait porté. On le nommait l'Arpenteur de l'aurore. Un pelage blanc comme la neige et des cornes se perdant dans les brouillards de rosée, il semblait voler à chacun de ses pas.

Epoustoufler par une telle splendeur, le noble voulu le capturer. Suivi de ses gens, il entama une course poursuite au milieu des branchages. Les chevaux couraient en charge, les arbres défilaient à vitesse et le cerf bondissait telle une nymphe. Pris dans cette course effrénée, nul n'aurait pû dire où ils allaient. Les sabots frappaient avec amertume le sol qui se durcissait. Les branches fouettantes de leur feuillage devenaient de plus en plus effilées et vierges.

Certains hommes remarquèrent le changement mais... si les plus avertis réussirent à fuir avant de s'entrainer trop loin, la majorité ne put jamais prévenir les leurs. Certains cadavres furent retrouvés plus tard, les gorges tranchées. La nature semblait avoir voulu les rendre muet à tout jamais de ce qui allait se produire.

Salomon lui continuait sans entendre. Sans savoir. Sans remarquer que la vie autour de lui s'échappait et de l'aurore, la nuit venait à tomber.

Son cheval vint pourtant à trébucher. Le noble se vit flotter un instant vers la lumière blanche qui s'effacait devant lui. Cette lumière qui s'éloignait. Il se sentit s'évanouir.

Quelques heures, plusieurs jours... Salomon entrouva les yeux. Aucune lumière! Seule la brume et la nuit lui répondait. Il tenta de se lever. Son dos craquait. Il eut de la difficulté. Pourtant le voici qui se releva. Il n y avait personne. Le sol était recouvert d'un linceul de brume. Il chercha son cheval. Celui-ci ne pouvait être loin. Rien pourtant ne lui fit jamais penser que sa monture pouvait avoir un jour foulé cette terre. Il était seul. Tout seul.

L'homme resta longtemps dans cette noirceur, ses chairs s'engourdissaient. Il resta là à méditer sur son sort. De sa peine, de sa solitude il en vint à implorer une présence. D'une présence, il en vint à regretter de ne pas avoir profiter de son entourage. De cet entourage il regretta le mal qu'il avait fait à ses serfs.

Son corps commencait à ne plus répondre et ses sens se détérioraient. Il regarda une dernière fois en l'air. Ses yeux dans la noirceur alentour ne lui étaient d'aucun secours et il aurait tout donné pour voir une dernière fois la lumière.

Et il la sentit. Une odeur peu perceptible mais bien présente. Un parfum douceret et sucré. A taton il se dirigea.

La marche fut perilleuse, les échardes s'enfoncaient dans ses paumes, il trébucha plus d'une fois dans des fossés, perdant l'odeur. Mais par force de volonté il en découvrit la source. Non loin de lui, un rayon de lumière. Il était fin mais il était réel. Il couru à lui et découvrit là, dans une clairière perdue au milieu des ténèbres, un champ de fleurs. Elles n'étaient pas magnifiques, mais c'était leur parfum qui l'avait aidé. Leur parfum... leur coeur...

Deux semaines avaient passés depuis que le seigneur avait disparu. Et ce ne fut que par hasard qu'on le retrouva a la lisiere de la foret. Son corps semblait mutilé. Ses vêtements déchirés. Sur sa poitrine, ses mains étaient recroquevillées. Son visage pourtant rayonnait, il semblait heureux.

Lorsqu'on décida de l'enterrer, le médecin embaumeur du lui ouvrir les mains. On y trouva deux petites fleurs blanches entremêlées. Les descendants de Salomon reprirent ce symbole comme sceau de leur famille. Il représenterait la justice et le bonheur. On nomme ces fleurs à présent : Le sceau de Salomon.

Nul ne su reellement ce qui arriva vraiment a Salomon. Mais on raconte que quelque part, ou l'aube fait place à l'ombre, il existe une clairière. Son sol est couvert de cercles de fleurs concentriques. Et en son centre, survit la mémoire de Salomon.