On pouvait entendre les chopines s'entrechoquer et les paroles monter dans ce bouchon de Faeruln. Les rires alentours restaient gras alors que les visages, mitigés, refletaient tristesse ou perdition. Au loin, le barde venait d'entamer son récit.
"Non loin des montagnes ou des collines,
là ou le ciel rejoint la terre,
on voit parfois l'ombre prendre racine,
et l'on entend gronder le tonnerre."
Ce n'était pas la première fois d'ailleurs qu'il entrait dans cette antre dans l'espoir d'oublier. Bien sûr il savait que cela ne servait à rien et que les lendemains étaient plus durs et plus criants de vérités. Pourtant, les quelques instants de silence, ces quelques secondes ou le noir se faisait dans son esprit lui paraissaient le plus grand des réconforts. Il aurait voulu y rester et passer sa vie à ingurgiter. Son corps n'était aps de cet avis. Cette satanée de carcasse n'était bon qu'à le limiter à un moment ou un autre pour le remettre face à la réalité! Quel goût amer...
"C'est dans cette obscurité curieuse,
qu'il descend et commence à ramper,
on le remarque à ses couleurs dangeureuses,
ses couleurs vives de feu et sang mêlées."
Il scruptait à présent l'ambiance sordide du mince établissement. Combien étaient dans son état? Combien reflétaient déjà son futur si proche? Quelques corps étaient de ci, de là affalés à terre. D'autres semblaient éteints sur des tables. Seuls se detachaient encore du paysage morbide les quelques rescapés d'un moment dont il faisait sans doute parti. Il s'avanca vers une table à l'écart, enjambant les corps pleins et se posa non loin de la scène.
"Il sillone ainsi les vallons,
sa taille semble démesurée,
car il fait plusieurs toises de long,
voyageur, mieux vaut ne pas s en approcher."
Il écoutait d'une oreille distraite la chansonnette que poussait le conteur. Ses pensées étaent bien au large mais ses yeux eux fixaient un point précis. L'habitude de tous les jours, les actions encore et toujours répétées. L'homme ne face n'avait besoin que de ce regard pour comprendre. L'aubergiste ne fut d'ailleurs pas long à répondre. L'ardoise était pourtant longue! Mais celui ci connaissait la maison. Il savait qu'un jour ou l autre, elle serait effacée. Ou qu elle ne le serait jamais. Parfois, il se demandait si ce tavernier n était pas son gardien du bonheur. De ce zeste de bonheur. Et qu il ne faisait pas cela pour lui offrir une once de repis. Peut etre aussi cela faisait il parti de la longue descente vers la mort. Peut etre l endormait on. Peut etre l aidait on a mourir! Mais n etait ce pas la son seul désir?
"On le voit souvent disparaitre,
descendant au sein de grottes,
ne t y fie pas car il te guette!
il attend une proie bien sotte."
Oui... mourir! C'était une solution. C'était celle pour laquelle il avait optée en définitive. Celle qu'il attendait avec impatience. Mais il ne pouvait se contraindre a l'executer. Il voulait qu'on le fasse pour lui. C'était cette attente qu'il esperait en descendant les chopines. Cette attente... il était lâche... trop lâche... il n'avait pas même le courage de finir avec sa peine. La faire disparaitre une dernière fois.
"Enfin lorsqu'il est satisfait,
le grand serpent repart vers les nuages,
là il rejoint son lopin secret,
qui flottant, disparait dans les ages."
Mais si la mort l'avait épargné, n'était ce pas aussi car elle ne voulait de lui? Pourquoi l'avoir laissé alors, lui qui faisait tout pour s offrir? Il regarda la chopine qui venait de se poser sur sa table, ses yeux manquaient de discernement. Une larme passa sur ses creux, cette larme là n'était pas dans son ambiance.
Le conteur avait finit sa tirade, et personne ne l'avait acclamé. Il allait entonner une nouvelle chanson, mais lui n'allait pas l'écouter! Il était sur pied, la chopine restait seule à la table. Il savait à présent qu'il s était égaré! Une table... le comptoir... la porte... il venait de s'échapper du purgatoire.
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