Tiré des archives de Faeruln
Comment le ciel est devenu grand
C'était il y a longtemps, lorsque le ciel était trop bas.
Il était si bas qu'il n'y avait pas de place pour les nuages.
Il était si bas que les arbres ne pouvaient pas pousser.
Il était si bas que les oiseaux ne pouvaient pas voler. S'ils
essayaient, ils se cognaient aux arbres et aux nuages.
Mais ce qui était plus pénible encore, c'était que les hommes
adultes ne pouvaient pas se tenir debout, bien droits comme
leurs corps le leur demandaient. Ils devaient marcher tout
penchés, en regardant leurs pieds et ne voyaient pas où ils
allaient.
Les enfants ne connaissaient pas ce problème. Ils étaient
petits, ils pouvaient se lever aussi droits qu'ils le souhaitaient.
Ils ne marchaient pas en regardant leurs pieds et pouvaient
voir où ils allaient.
Au début des temps
Au début des temps, il n'y avait pas de différence entreles hommes et les animaux. Toutes les créatures vivaient sur terre.
Un homme pouvait se transformer en animal s'il le désirait et un animal pouvait devenir un être humain. Il n'y avait pas de différence. Les créatures étaient parfois des animaux et parfois des hommes. Tout le monde parlait une même langue.
En ce temps-là les mots étaient magie et l'esprit possédait des pouvoirs mystérieux.
Un mot prononcé au hasard pouvait avoir d'étranges conséquences. Il devenait brusquement vivant et les désirs se réalisaient. Il suffisait de les exprimer.
On ne peut pas donner d'explication. C'était comme ça !
La vieille femme et l'araignée
La vieille femme cousait dans la lumière magique qui pénétrait son habitat. Elle travaillait avec art et précision des vêtements chauds. C'était l'été et bientôt l'hiver serait là, aussi aigu que les pointes acérées du porc-épic.
Elle aimait son travail. Et du plus lointain de ses souvenirs, Bouquet de Perles Etincelantes se voyait s'activant de son mieux, avec toujours le même plaisir, comme sa mère et ses tantes le lui avaient appris. Elle s'occupait du bois et de l'eau, en hiver. Elle savait tanner les peaux, en préparer la viande afin de régaler toute la famille. A six ans, elle aidait les femmes dans les travaux du ménage. A dix ans, elle montait à cheval comme le meilleur des guerriers et sillonnait la plaine avec fougue. Puis à quatorze ans, elle est devenue une vraie femme : son père l'a mariée à un inconnu fort riche et le temps a passé vite, très vite. A présent, elle était une vieille femme mais les années avaient glissé sur elle, sans entamer sa force, ni sa joie de vivre. Quand elle riait des facéties du dernier de ses petits-fils, sa bouche révélait l'absence de quelques dents.
Mais elle était toujours belle.