DIVERTISSEMENT : Carnet d'un voyageur

La chambre n'était pas très belle mais je n'avais pas les moyens non plus de me payer quoi que ce soit de correcte. Elle sentait l'opium. Ce parfum enivrant que chérissait tant les voyageurs. Celui dont les médecins se servaient aussi pour leurs effets thérapeutiques. Ce n'était pas mon goût et je connaissais que trop ses méfaits. L'aubergiste m'avait pourtant certifié qu'il s'agissait là d'une de ses meilleures. Que pouvais je attendre d'un village comme celui ci?

Il m'était pourtant arrivé à rêver devant les grandes bâtisses du centre. Peut être un jour serais-je en mesure de m'en acheter une voire de m'en faire construire. Je la meublerais à ne plus avoir de places. Bien entendu je ne choisirais que la meilleure qualité. Passer ma vie dans une maison digne de cette auberge me ferait dépérire. Ainsi aurais-je le meilleur lit, les sièges les plus confortables. Si je gagnais suffisement d'argent, je pourrais peut-être même envisager à un blason. Qui sait si un jour je ne deviendrais pas propriétaire d'une ferme ou d'une exploitation minière.

Je m'approchais de la fenêtre. Les derniers rayons du soleil venaient à éclairer les quelques passants qui se hataient vers leurs masures. Les nuits étaient froides et sombres. Et la peur de rencontrer le Nenyx. Cette créature tout droit sortie des cauchemars, qui arpentait les alentours de Faeruln. Cette créature dont les rares survivants semblaient être devenus fous. Je m'étais toujours fait un point d'honneur à ne pas le rencontrer et je doutais qu'un jour, une personne ne s'assigne à cette tâche de lui même.

Un pigeon s'arrêta sur mon rebord. Il était l'un des moyens de communication les plus utilisé. Celui-ci pourtant ne devait pas être approvoisé. Il ne portait aps de messages et ne semblait pas de bonne constitution. Je le chassais d'un geste rapide.

Les lumières s'éteignaient à présent et seul le forgeron continuait son travail nocturne. Plus tard, le boulanger se lèverait et les rues sentiraient le pain chaud...
J'avais déjà pensé à m'engager dans une de ces formations. Mais ni la forge, ni la boulangerie, ni même la jardinerie, la menuiserie, le bucheronnage, le minage ou tout autre ne m'avaient vraiment attiré. L'herboristerie était la seule voie qui me semblait toute désignée. Je pensais d'ailleurs rencontrer l'herboriste dès le lendemain. Et si cela ne marchait pas, je prendrais la route pour Diamnir. Ou alors attendrais-je patiemment la venue de nouvelles communautés, de nouveaux fiefs comme Koria.

La noirceur de ce ciel sans lune me permettait d'entrevoir le rayonnement bleuté du cristal au loin. Le cristal... celui qui m'avait donné vie. Il restait une énigme pour moi. Un dieu? Oui sans doute il l'était. C'était lui qui m'avait donné la vie. Lui qui m'avait nourri comme tous les gens de ce village. Pourtant je ne le vénérais pas comme la masse avait tendance a le faire. Je crois que je l'aimais comme un père.

Je me souvins de cette fillette qui jouait au milieu des rues à la marelle. Elle aussi était une enfant du cristal, et elle semblait vivre en harmonie avec ses parents adoptifs : un orc et une elfe. Le cristal nous avait appris cela. Vivre ensembles. D'ailleurs, il n'y avait pas à mon sens de différence entre les enfants du cristal et les progénitures : les enfants de l'union de deux êtres. Certains faisaient une distinction. Mais quelle importance?

Je m'allongea sur mon lit. Il était tard. Demain j'ouvrirais les yeux et mes premières pensées iraient à nouveau à lui. Il était ma vie, il était en moi, il était en nous, en toutes choses! Demain... j'ouvrirais les yeux...